Chaque année, de plus en plus de randonneurs, de vététistes et d'amoureux de la nature explorent les grands espaces. Mais ces espaces sont aussi ceux des éleveurs… et de leurs fidèles gardiens : les chiens de protection de troupeaux. Parfois intimidants, ces chiens soulèvent des questions essentielles : que faire si on en croise un ? Est-ce dangereux ? Pourquoi sont-ils là ?
Cet article vous aide à mieux comprendre le rôle des chiens de protection et vous donne les bons réflexes à adopter, grâce aux conseils de l’IDELE recueillis lors d’une réunion organisée par l’office de tourisme Larzac et Vallées.
Pourquoi les chiens de protection sont-ils nécessaires ?
Le retour des grands prédateurs (loups, ours) sur le territoire français, mais aussi la présence de prédateurs opportunistes (vautours, renards, chiens divagants…), pousse les éleveurs à se doter de chiens capables de protéger les troupeaux en toutes circonstances, y compris en leur absence.
Contrairement aux chiens de conduite, comme les border-collies, les chiens de protection ne dirigent pas le troupeau, il le défendent.
Leur présence permet d’instaurer un climat de calme et de sécurité au sein du troupeau, tout en dissuadant les intrus de s’approcher, sans être agressif envers les humains.
Leur mission : discerner les intrusions, dissuader les menaces et protéger leur “famille” animale.
Comment un chien devient-il protecteur de troupeau ?
L’éducation d’un chien de protection commence très tôt. Dès leur naissance, les chiots évoluent au sein d’un troupeau pour être imprégnés des odeurs, des bruits d’animaux, … ils sont en parallèle familiarisés à différents stimuli (humains, autres chiens, évènements extérieurs…) pour les préparer à leur fonction future.
À partir de 8 semaines minimum, ils sont sevrés et intégrés à “leur” nouveau troupeau, qu’ils considéreront comme leur famille à protéger.
L’apprentissage repose sur :
- la proximité constante avec les animaux (attachement)
- la confiance et le respect mutuel
- la poursuite de leur éducation
Former un bon chien de protection demande du temps, de l’observation et une sélection soignée par l’éleveur.
Quelles sont les races de chiens de protection ?
Parmi les races les plus utilisées, on retrouve :
- Le Montagne des Pyrénées (le Patou)
- le Kangal (Berger d’Anatolie)
- le berger portugais (Cão de Gado Transmontano et Cão da Serra de Estrela)
- le Maremme-Abruzzes
- Le Mâtin espagnol
Ces chiens ont un gabarit imposant, une voix puissante et un instinct naturel de dissuasion, plutôt que d’attaque.
Fait rassurant : les chiens de protection de troupeau ne figurent pas dans le top 10 des races ayant causé le plus de morsures en France.
Comportement naturel d’un chien de protection
Chaque chien évolue avec deux notions spatiales :
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Espace de contact social : il peut tolérer la présence calme d’inconnus.
- Espace de sécurité : s’il se sent menacé ou son troupeau en danger, il active une séquence de dissuasion progressive.
La dissuasion s’exprime en 3 étapes :
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Aboiement : c’est l’alerte dès la perception d’un stimulus (sonore, olfactif ou visuel). Il prévient le stimulus de sa présence.
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Déplacement vers le stimulus/l’agresseur : pour mieux l’identifier (les chiens voient mal de loin).
- Agression, si le stimulus/l’agresseur continue sur sa lancée et ignore les signaux du chien.
A noter : Le chien cherche avant tout à évaluer le risque, pas à attaquer.
Chaque chien réagit selon son caractère, son vécu… et le comportement des humains rencontrés précédemment. D’où l’importance d’un comportement exemplaire à chaque passage.
Enfin, une clôture n’est pas une frontière physique pour le chien qui peut avoir son espace de sécurité d’un côté ou de l’autre de la clôture.
Le saviez-vous ?
La plupart des morsures sont dues à un comportement inadapté de la personne, pas du chien. Les gestes brusques, cris ou refus de s’arrêter sont souvent à l’origine de tensions, pas la dangerosité du chien en soi.
Comment réagir face à un chien de protection ?
Voici les réflexes à adopter pour éviter tout malentendu :
À faire :
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Restez groupés : le chien préfère surveiller un seul groupe que plusieurs personnes dispersées.
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Encadrez les enfants ou les personnes anxieuses au centre.
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Parlez calmement à voix haute (sans crier) pour signaler votre présence.
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Arrêtez-vous un instant si le chien aboie : cela montre que vous l’avez entendu.
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Laissez-le venir vous sentir, sans geste brusque ni contact.
- Après que le chien vous ai identifié, contournez largement le troupeau, sans le traverser.
À éviter :
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Ne criez pas, ne courez pas.
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Ne fixez pas le chien dans les yeux.
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Ne lui donnez pas vos mains : gardez-les dans vos poches.
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N’agitez pas de bâton ou d’objet.
- Ne donnez rien à manger.
- N’essayez pas de forcer un passage.
Une fois le chien calmé et éloigné, vous pouvez poursuivre votre chemin sereinement.
Ces comportements sont aussi à adopter lors de la rencontre des chiens de conduite (border collie par exemple).
Rencontre entre chien de compagnie et chien de protection
En randonnée, il est vivement déconseillé de s’approcher avec un chien de compagnie dans les zones de présence de troupeaux protégés.
En cas de rencontre :
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Tenez votre chien en laisse, à bonne distance.
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Ne le portez pas dans vos bras : cela peut inciter votre chien à provoquer car il se sent en sécurité.
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Laissez les chiens se flairer sans intervenir.
- Ne criez pas, ne paniquez pas, ne vous interposez pas.
Et si je suis à vélo ou à cheval ?
Les chiens de protection ne comprennent pas le fonctionnement d’un vélo, et peuvent le percevoir comme une menace à cause de sa vitesse ou de son bruit.
Que faire ?
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Descendez de votre vélo ou de cheval à l’approche du troupeau.
- Continuez à pied, en gardant vos distances.
Cela apaise le chien et réduit les risques d’incompréhension ou d’excitation.
Ensemble, pour la sécurité de tous
Les chiens de protection sont les gardiens de l’élevage en plein air. Leur comportement est souvent le reflet des interactions humaines passées : un groupe de randonneurs malveillants peut suffire à modifier leur attitude pour les suivants.
En respectant quelques gestes simples et bienveillants, vous participez à une meilleure cohabitation entre activités de pleine nature et pastoralisme.
Chez Le Petit Marcheur, nous croyons qu’explorer un territoire, c’est aussi apprendre à le respecter. Nos séjours s’inscrivent dans une démarche de tourisme responsable, où la rencontre avec les acteurs locaux – éleveurs, bergers, artisans – fait partie intégrante de l’expérience.
Comprendre le rôle des chiens de protection, c’est participer à cet équilibre fragile entre liberté de circulation et respect du monde agricole. En adoptant les bons réflexes, vous devenez un maillon actif de cette harmonie précieuse entre l’homme et l’animal.
Pour en savoir plus :
Une vidéo pédagogique pour mieux comprendre le rôle et le comportement des chiens de protection de troupeaux.
Un film documentaire sensible et instructif sur la cohabitation entre les randonneurs et les chiens de protection, à travers le regard d’un berger et de son fidèle compagnon.
Un guide clair et illustré, édité par l’IDELE, pour adopter les bons comportements lors de vos randonnées en zones pastorales.